Si vous me suivez sur Instagram, vous avez peut-être vu que j’avais quelques soucis avec les chansons d’ « Indiens » à l’école ou au centre de loisirs de Bout’Chou. Je raconte mes péripéties que vous pouvez lire en stories en attendant que je laisse trace sur le blog.
Christophe Colomb n’a pas découvert l’Amérique
Les peuples natifs ou Premières Nations existaient bien avant que Christophe Colomb n’arrive en Amérique. Il semble qu’une ère glaciaire ait permis la traversée du détroit de Béring des populations alors dans le Nord de l’Asie vers le continent américain, il y a 20 à 30 000 ans. Cela expliquerait aussi pourquoi certaines populations natives partagent toujours aujourd’hui le pli épicanthique des populations est-asiatiques, mais c’est une autre histoire. Dire que le continent américain est un « nouveau monde » à partir du XVème siècle est une vision eurocentrée et coloniale de l’histoire ces terres.

S’il faut le rappeler, on ne parle d’ « Indiens » que parce que Christophe Colomb pensait être arrivé en Inde par l’Atlantique. On a par ailleurs retrouvé des traces Vikings bien avant l’arrivée des caravelles espagnoles. Et surtout, l’Amérique avait son histoire avant l’arrivée des colons européens quels qu’ils soient, et n’a donc par définition pas pu être « découverte », que ce soit en 1492 ou avant par les Vikings…
Un génocide encore non reconnu
Un génocide est un acte « commis dans l’intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux », selon les termes de la convention des Nations unies du 9 décembre 1948. Or, le massacre des populations locales d’Amérique ne semble pas rentrer strictement dans cette définition… Après précisions d’une prof d’histoire, il faut réussir à prouver une intention et même une programmation (de type Mein Kampf) pour caractériser un génocide. La disparition d’ethnies entières (plusieurs millions de personnes) du fait du processus de colonisation, avec des colons qui savent bien que leur expansion est aussi une destruction, ne semble pas suffire…
Les peuples natifs et leurs cultures ont été massacrées au profit de la colonisation pour piller les richesses et faire place nette avant la traite des personnes noires réduites en esclavage pour faire fructifier les terres volées. Les personnes natives qui ont survécu à ce génocide ont également été réduites en esclavage et parquées dans des villages appelés « réserves » comme pour des animaux.
Encore aujourd’hui, les peuples natifs sont toujours assignés à ces « réserves » sans avoir droit à la propriété sur leurs propres terres et subissent racisme et discriminations, notamment aux Etats-Unis d’Amérique et au Canada (valable aussi pour l’Amérique du Sud ou les populations natives d’Océanie…).
Ce qui est problématique
➡️ Célébrer le Columbus day, c’est honorer un sanglant meurtrier et nier l’Histoire et ses conséquences encore aujourd’hui. Aurait-on idée de célébrer Adolf Hitler ? Faut-il rappeler que les Grands Hommes des Lumières ont inventé les races inférieures, et en l’occurrence la race « rouge » sauvage, pour justifier cette colonisation et les massacres ? Aujourd’hui, s’il est désormais entendu qu’il n’existe qu’une race humaine, les dégâts de 500 ans de massacres et de colonisation sont toujours présents.
➡️ Fêter Thanksgiving, c’est valider les massacres qui ont suivi ces faux repas alliances entre les colons et les populations locales. Ces dernières ont enseigné leurs savoirs, notamment liés à la culture des terres, pour ensuite être massacrées soit directement lors de combats, soit indirectement par les maladies importées d’Europe. Les Historien·nes parlent de 75 à 90% de la population alors décimée. Thanksgiving est un jour de deuil pour les personnes natives descendantes.
➡️ Jouer aux Cowboys et aux « Indiens », c’est rejouer un génocide dont l’Histoire se moque déjà assez. Aurait-on l’idée de jouer aux Nazis et aux Juifs ? aux Hutus et aux Tutsis ? Trouveriez-vous ça drôle dans les cours de récréation ?

➡️ Se déguiser en « Indiens », c’est s’approprier une culture et la dévoyer. Les coiffes de Chef·fes sont entre autres de véritables symboles sacrés, et chaque tribue possède ses propres symboles. Les colons ont tout fait pour effacer des peuples, des cultures, des langues, et aujourd’hui ce serait un sujet d’amusement ? Non, c’est juste déshumanisant. Une culture n’est pas un costume que des personnes non concernées peuvent porter et enlever en fin de soirée, pendant que les personnes concernées, elles, portent leurs stigmates à vie et en subissent le racisme.
Ceci est valable pour les jeux d’enfants mais aussi pour toute l’appropriation culturelle que subissent les cultures natives : Coachella, Urban Outfitters, Victoria’s secret, Chanel bonjour !

On meurt toujours d’être Premières Nations
Les personnes aujourd’hui Premières Nations sont les descendantes de celles qui ont survécu… Pourtant, l’actualité nous montre qu’on meurt toujours d’être une personne native américaine. Joyce Equachan est décédée récemment dans un hôpital canadien dans d’atroces souffrances, face au mépris et aux insultes racistes du personnel hospitalier présent. C’est sans parler de l’alcoolisme, de la dépression, du taux de chômage, du nombre de suicides dans les « réserves » où sont cantonnées les populations natives.
Si l’objectif réel de votre démarche est d’honorer les populations natives américaines, laissez la parole aux concerné·es qui transmettent leur histoire plutôt que de nier les traumatismes de plusieurs générations…
Dans la bibliothèque de Bout’Chou
Et pour aller plus loin…

Koulou Chéri
Ecrit comme un poème ou une berceuse et illustré magnifiquement presque comme des peintures lumineuses à chaque page, ce livre est une véritable pépite qui nous a séduit immédiatement.
Quand on était seuls
C’est une histoire qu’on entend trop peu ici, celles des populations natives américaines.
Lila et la corneille
Si ce n’est pas ses cheveux, c’est sa peau qui est trop foncée… puis ce sera ses yeux… Lila subit jour après jour les moqueries, le harcèlement, le racisme de ses camarades.
Mon amie Agnès
Le renouveau, c’est aussi l’occasion de nouvelles rencontres et notamment une qui marquera Katherena à jamais avec sa voisine Agnès.
Le garçon et la sorcière
Aster est bien différent des autres garçons de sa famille et cela inquiète beaucoup ses parents, sans parler des railleries des cousins et des cousines. Mais Aster est une sorcière !
La Reine des Neiges 2
Elsa et Anna découvrent leur métissage avec des Premières Nations nord-européennes. Sans cette connexion, Elsa ne s’est jamais sentie complète…
1492, Anacaona, l’insurgée des Caraïbes
Quel soulagement de lire cette histoire racontée tant de fois mais cette fois-ci du côté des résistant·es… Car la réalité c’est que dès 1492, les colonisé·es ont lutté ! Dès 1492, les esclavisé·es ont lutté !
La Terre Me Parle: Un Livre Sur Les Saisons
Voici une ode à l’écoute de la nature, à la transmission intergénérationnelle, aux savoirs ancestraux des peuples natifs, à la connexion à soi et au monde.
Le caillou de guérison de Trudy
A travers une jolie histoire de transmission intergénérationnelle, on entrevoit, grâce à Trudy et les explications de sa grand-mère, le pouvoir des pierres.
J’ai le coeur rempli de bonheur
Une poésie pour repenser, apprécier, savourer les petites choses qui nous remplissent le cœur de bonheur et qui sont malheureusement trop vite effacées par le quotidien ou les horreurs de ce monde…
5 commentaires sur “Les Indiens d’Amérique n’existent pas”