On me pose souvent la question… Je peux difficilement répondre n’ayant pas (encore) de fille. Le premier réflexe serait de dire oui, puisque je prône l’éducation non genrée, mais en réalité, bien sûr qu’il y aurait eu des différences, et peut-être pas celles qu’on peut imaginer.
Ecartons le fait que je ne serai pas en train d’écrire ce blog car il y a déjà pas mal de littérature sur le « girl empowerment », même si beaucoup, beaucoup, beaucoup, trop, de choses restent à changer alors qu’on est sur une 3ème vague de féminisme…
Une construction des filles différente
Les filles sont construites pour être belles avant tout, mais aussi délicates, gracieuses, douces, attentionnées, soutenante et je dirai même fragiles, vulnérables, dociles, discrètes, secrètes, faibles. Il en découle une image de comédiennes manipulatrices sournoises, qu’on ne peut pas croire sur parole, mais qui doivent rester au service de leur père, de leur frère, de leur compagnon. Elles deviennent des femmes objets à conquérir, que les hommes ne comprennent pas, ne veulent pas et ne peuvent pas comprendre car ils ont été construits en totale opposition, complémentarité hommes/femmes oblige…
Dès la naissance elles sont enfermées dans du rose, des fleurs, des paillettes, des petits nœuds et des expressions : fille à papa, princesse, mini chieuse comme maman, fais moi un bisou, pipelette, chipie, capricieuse… Poupée, cuisine, ménage, maquillage sont les principaux jeux d’imitation proposés dans les rayons roses des catalogues et magasins de jeux.
Toutes celles qui sortent de ce schéma sont généralement rejetées, insultées, considérées comme des garçons manqués ou encore traitées de lesbiennes détestant les hommes.

Une nécessaire déconstruction différente
Alors forcément, je ne pourrais pas tout à fait faire comme avec Bout’Chou. Pour le même résultat d’ouverture sur tous les possibles, il me faudrait compenser les cases imposées :
- lui offrir des voitures car ses grands-parents ne lui offriraient principalement que des poupées,
- aller au rayon garçon pour trouver des shorts ou des t-shirts avec une coupe droite et des messages de pouvoir, d’exploration du monde et d’encouragement à être soi,
- la pousser à tenter et oser l’impossible là où la voie est déjà ouverte pour son frère et ses privilèges,
- lui apprendre à imposer sa voix quand elle sera interrompue, reprise, récupérée par de nouveau le privilège lié au pénis…
Je ne dis pas là que le chemin est tout tracé pour mon fils. Ce n’est pas parce qu’il est un garçon et plus tard un homme qu’il ne sera pas « mal traité ». Les boy’s club n’ont de places que pour ceux qui correspondent aux codes d’une virilité asservissante et misogyne. Mais pour un peu qu’on soit un homme cisgenre, hétérosexuel (ou homosexuel « non repéré »), il y a présomption qu’on est membre du club… La question des hommes racisés ajoute de la complexité bien sûr !

L’égalité en droit
Je comprends changer l’éducation des filles, mais pourquoi celle des garçons ? J’ai l’impression que cette 3ème vague du féminisme veut juste qu’ils deviennent des filles…
Me disait un collègue…
Quand ça t’arrive, premièrement, il s’agit de ne pas rigoler… Parce que tous les sentiments, toutes les craintes sont légitimes. Mais surtout, deuxièmement, tu n’es pas sa mère, son psy, donc tu peux directement l’envoyer bouler et te casser. Ce n’est pas ce que j’ai fait…
Chacun.e son sexe, chacun.e son genre. Ce n’est pas le débat. La 3ème vague, comme les précédentes, réclament l’égalité oui, mais l’égalité en droits ! Arrêtez de dire qu’on veut que les garçons, les filles, les non binaires soient tou.te.s pareil.le.s. C’est justement la prise en compte de toute la diversité, et de toute la fluidité, qui existent qu’on souhaite faire reconnaître ; mettre fin aux cases dans lesquelles sont encarté.e.s nos enfants avant même leur naissance.
J’ai deux garçons (et nous n’aurons jamais de filles), et clairement, j’aurais eu une attitude différente avec des filles. Par exemple, j’aurais sûrement grincé des dents quand on leur a offert un balai, alors que je suis ravie là ! J’aurais aussi sûrement moins insisté pour qu’ils aient du rose dans leurs habits. Ça c’est pour les « bonnes différences », celles qui compensent. Par contre, là où la passion de mon aîné pour les voitures me hérisse (c’est tellement conformiste !), j’aurais sûrement été fière comme un paon si le Lardon était une fille 😅. Bref, de réaliser tout cela m’aide à prendre du recul quand je suis trop en colère sur tous ces sujets 😅.
Mais oui, pour réagir sur la fin de ton article, je pense qu’il est indispensable d’élever autrement nos garçons. Je voudrais que le mien sache choisir un cadeau d’anniversaire pour ses proches (job typiquement féminin) ou faire une valise (idem) par exemple.
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Je partage souvent avec mon fils mes réflexions sur les cadeaux ou je fais avec lui une carte personnalisée, ça commence comme ça je crois. Pour les valises c’est un peu tôt mais il aime encore bien être avec moi 😂 il me voit faire des listes et j’explique quand je range dans la valise. Mais je déteste ranger dans l’autre sens 😅
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