Cet après midi, je marche…
Pour moi
Contre mon père, son regard noir, ses mains violentes, qui m’ont fait croire dès le plus jeune âge que je devais avoir peur dans ma maison. Contre cet homme et sa main sur ma cuisse, qui m’ont fait croire dès l’adolescence que je devais avoir peur dans l’espace public.
Contre tous les autres qui m’ont insultée, touchée sans consentement, poursuivie dans le métro, regardée comme si j’étais de la viande, qui m’ont fait croire trop longtemps que j’étais un.e humain.e inférieur.e en droit. Et aussi contre tou.te.s celleux qui m’ont niée, mise dans une case, dit comment je devais me comporter ou m’habiller, qui m’ont fait croire qu’il n’y avait qu’une femme idéale et que ce n’était pas moi.
Pour elles
Qui n’ont pas eu ma chance ni celle de ma mère, qui sont mortes sous les coups de leur compagnon ou de leur ex compagnon. Les 137 à l’heure où j’écris mais dont le chiffre va malheureusement bientôt augmenter. Tous les 2 jours un nouveau feminicide.
Qui s’en sont sorties mais qui ont cette boule au ventre tous les jours, marquées à vie, craignant pour leur vie.
Toutes les femmes cis et trans, tous les hommes considérés comme trop féminins, tou.te.s les non binaires qui refusent les cases, tou.te.s celleux qui subissent tous les jours des violences à la maison, dans la rue, au travail… directement et aussi indirectement par le manque de représentations et le sexisme ordinaire, entre autres jolies choses du patriarcat.
Contre ces 137 meurtriers, contre tous ces agresseurs, notamment les impunis qui restent libres de perpétuer leurs horreurs sous couvert d’une justice qui ne reconnaît que très difficilement les violences faites aux femmes et pas du tout les feminicides et d’une société qui continue de blâmer les victimes et honorer la force virile destructrice.
Pour elleux
Les enfants, victimes directes ou dommages collatéraux, dont la parole est relayée au second plan, pour lesquels le traumatisme est irréparable et les traces indélébiles même si invisibilisées avec le temps.
Je marche pour ne plus me taire, je marche pour montrer et dire haut et fort qu’on ne se laissera plus faire, qu’il est possible de faire autrement, qu’on peut s’en sortir… A tout à l’heure !