Féministe de service, on me parle de l’interdiction du manspreading à Madrid. « C’est spécial quand même le féminisme », « tu valides la vidéo ? ». Est-ce que j’ai vraiment à la valider cette vidéo ?
« Vous n’avez pas mieux à faire ? »
Considéré comme anecdotique, voire comme un problème fabulé, le manspreading ne semble pas mériter toute l’attention que l’actualité lui porte. Les violences faites aux femmes, l’égalité salariale, la parité en politique, voilà des combats désignés dignes du féminisme.
Qu’en est-il pour toutes ces femmes qui subissent le manspreading, certaines quotidiennement ? Considérer que le problème de ces femmes n’en est pas un, ou au mieux est moins important qu’un autre, relève en réalité du sexisme ordinaire, installé et si difficile à combattre.
Un geste naturel ?
« Ce n’est pas du machisme, c’est une question de confort ». « Pour un homme, cela fait mal aux testicules de serrer les jambes ».

Ne possédant pas moi-même de sexe masculin et par peur de manquer de compassion, j’ai rapporté ces commentaires lus sur le net à mon mari, qui a tout simplement rigolé. Alors peut-être n’en a-t-il pas des « assez grosses » (et il n’est pas le seul dans les transports, heureusement !), mais je ne pense pas que s’asseoir les jambes écartées soit une position naturelle pour un homme.
En tout cas, pour les plus sensibles d’entre eux, je propose de marcher comme ce monsieur. Si serrer les jambes est douloureux, je n’imagine pas le frottement de la marche…
… ou plutôt un geste construit ?
Dès la naissance et tout au long de notre vie, nous apprenons des comportements différenciés en fonction de notre sexe et du genre qui est supposé en découlé. Sans mentionner les termes de « socialisation du genre », c’est une des raisons pour laquelle j’ai commencé ce blog, comme le montre mon premier article.
Pour être basique mais efficace, lorsqu’on apprend à une fille à jouer à la poupée, à porter du rose, à tenir une maison, à rester discrète et sage, alors qu’on tolère, voire on encourage, un garçon dans ses besoins d’aventure, d’espace et de virilité, on construit des comportements qui ensuite semblent naturels par habitude. Le « on » peut aussi bien être la famille, l’école, le cercle social, les médias…
Des postures sont également induites. Choses fragiles, les femmes devraient se faire plus petites, mignonnes et féminines. Objet sexuel, elles devraient bien évidemment serrer les jambes. Virils, les hommes, eux, sont autorisés voire encouragés à prendre plus d’espace. Un des résultats, c’est le manspreading.

Alors le manspreading, un problème féministe ou pas ? Est-ce vraiment important ? Ce qui compte selon moi, c’est qu’un problème qui incommode les femmes – et les hommes qui eux tiennent leurs jambes droites – dans les transports soit aujourd’hui de plus en plus reconnu. Des mesures doivent en effet être prises a minima pour sensibiliser sur ce geste qui n’est nullement naturel et qui contribue, inconsciemment, aux côtés d’autres comportements, à la dévalorisation des femmes.
Un avis sur “Le manspreading, vrai ou faux problème féministe ?”