Les réseaux sociaux sont devenus des espaces de paroles engagées et militantes et de plus en plus de personnes s’emparent de cette opportunité individuellement ou collectivement pour lutter contre les différents systèmes d’oppression. Mais je passe parfois plus de temps à chercher de quel point de vue elles écrivent qu’à réellement lire leurs contenus…
Respecter l’anonymat
Se situer ne signifie pas obligatoirement dévoiler son identité avec une photo. On sait à quel point il est important de pouvoir se protéger, a fortiori quand on prend la parole. Il s’agit plutôt d’informer les lecteurices de ce qui se joue derrière ces quelques lignes et ces écrans. Est-ce une dénonciation d’oppressions vécues avec une personne concernée qui se livre ? Est-ce une manière de s’éduquer et de partager ses déconstructions en tant que personne non concernée ? Est-ce de la pure appropriation ? Il y a sûrement mille possibilités.
Pour prendre un exemple rapide, lorsqu’un compte parle d’antiracisme, il est nécessaire qu’il se situe d’un point de vue racial. Être une personne blanche qui dénonce le racisme, c’est possible, mais ça n’aura pas la même signification qu’une personne racisée. Ce sera peut-être l’occasion de parler de blanchité d’ailleurs… Le principe est le même pour l’ensemble des autres sujets.
Bref, en plus de la transparence et de la confiance que cela créé, se situer favorise aussi les réflexions autour des impensés et des interactions existantes entre plusieurs systèmes d’oppression genre – race – classe.
Intégrer l’universel
« J’écris ce livre en tant que mère. Comme une évidence. Car c’est en tant que mère que j’ai vécu les oppressions et les résistances analysées dans ce livre. J’écris ce livre en tant que mère habitant et militant à Bagnolet en Seine-Saint-Denis. J’écris ce livre en tant que fille d’émigrés-immigrés du Rif au Maroc, et tant que fille d’ouvrier. Mon point de vue est situé, mais je veux changer le monde entier. »
Fatima Ouassak, La puissance des mères
Par ces mots, tout est dit. La puissance est déjà là alors qu’on n’a pas commencé le fond de la lecture, ou peut-être que si justement !
Situer nos points de vue, c’est déconstruire l’universel universaliste et ainsi plutôt alimenter l’universel de toutes nos visions, et surtout de celles qui manquent aujourd’hui, pour peut-être, qui sait, un jour, un universel constellaire ?
Un avis sur “De l’importance de situer son propos”