[edit janvier 21] J’ai ajouté les posts que j’ai oublié d’envoyer après…
Comme tu ne me suis peut-être pas sur Instagram ou Facebook (no shame of course), tu n’as peut-être pas eu l’immense chance de débuter avec moi ton calendrier de la déconstruction !! Et si tu me suis déjà, baahhh, j’espère qu’il te plait !

Bref, sur une idée de @lindiennedanslaville – j’ai commencé à proposer un calendrier de l’avent de la déconstruction avec une phrase, un mini texte explicatif et une ressource accessible en lien (plus la légende, parce que je ne sais pas être concise!)
Des suggestions de déconstruction ? J’ai pensé à pas mal de basiques, mais pas que… Faut que cela reste une explication ultra courte avec une ressource pour creuser 😉
Voici les premiers posts [après la première fenêtre qui est le texte explicatif que tu viens de lire]. Si tu préfères lire / sauver sur instagram, voici le lien vers le guide avec tous les posts.
#2 Je suis raciste, sexiste, validiste, grossophobe, putophobe, lgbtqphobe…
Et la liste est bien plus longue que ça !
J’ai longtemps complexé face à mon niveau de déconstruction jusqu’au jour où j’ai compris et accepté que j’aurai toujours des biais.
Nous sommes construit·es dans une société où les systèmes d’oppression se renforcent entre eux depuis des siècles et sont intégrés dans les fondations de tous les pans de notre société : école, médecine, administration, police,
travail, histoire, sciences, arts…
Je m’éduque néanmoins pour me déconstruire, me décoloniser et lutter activement contre ces systèmes, un peu plus tous les jours.
La déconstruction est une lutte de tous les jours. Admettre nos biais et nos erreurs, c’est la première étape d’un chemin bien plus long !
Ce post est là pour rappeler que les partages des prochains jours ont participé à mon propre cheminement, de manière non exhaustive bien sûr. Je suis arrivée à l’antiracisme décolonial par le féminisme et le genre et il me reste tant à découvrir et à déconstruire…
Les voies sont multiples, on se rejoint au bout ?
#3 « Raciste » n’est pas une insulte
Il faut sortir de l’affect et de la binarité
raciste = méchant / gentil = pas raciste.
La dualité réelle réside dans
le racisme VS l’antiracisme.
Il n’y a pas de neutralité.
Il n’y a pas non plus de totem d’immunité.
Même les personnes concernées, même les plus déconstruites et engagées dans l’antiracisme peuvent dire des propos ou faire des actes factuellement racistes à un moment donné car nous vivons dans une société structurellement raciste. Il convient alors d’adopter une
démarche antiraciste : reconnaitre, s’excuser,
s’éduquer pour ne plus recommencer.

Ça y est, on rentre dans le vif ! Le terme « raciste » est un adjectif qui sert de descriptif à des propos ou des actions qui relèvent du racisme.
Je comprends tout à fait qu’être « traité•e » de raciste ne fait pas plaisir, et que de devoir penser à tout ce qu’on dit et tout ce qu’on fait en faisant attention aux autres et à leur perception, est un travail épuisant.
Je comprends, car c’est la violence de notre quotidien, à nous personnes concernées. Bienvenue dans notre monde où le centre, ce n’est pas toi !
Au fait, des excuses :
➡ ça se présente de manière sincère : « je te présente mes excuses » et non « je m’excuse »
➡ sans condition : pas de « si je t’ai blessé•e »
➡ sans report de la responsabilité : pas de « si tu t’es senti•e… «
➡ sans justification : pas de « ce n’était pas mon intention »
➡ avec empathie et respect : « j’ai entendu que… » ou « j’ai compris que… »
➡ avec volonté et action pour s’éduquer, changer et ne plus reproduire
➡ avec reconnaissance, « merci de m’avoir ouvert les yeux », c’est la cerise sur le gâteau 🍒 !
Ça va toujours en ce J3 ?
L’avantage c’est que vous pouvez remplacer « raciste » par les dénonciations d’autres systèmes d’oppression et paaf ça marche ! 🎁
#4 Les asiatiques n’existent pas

En France, lorsqu’on parle d’Asiatiques, on pense essentiellement Chinois·es.
Allez, au plus, on pense Est Asiatiques : Vietnamien·nes, Japonais·es, Coréen·nes…
C’est ce qu’on appelle dans le milieu l’asiatiquetage, un équivalent pour « vous vous ressemblez tou·tes ».
Mais l’Asie c’est près d’une cinquantaine pays qui s’étendent de la Palestine au Japon et dont les populations parlent tamoul, arabe, russe, mandarin, hindi, japonais, tagalog, bengali, cantonais, persan, ourdou, coréen, arménien, azéri, kazakh, géorgien, kurde…
Autant dire qu’il convient de sortir du petit imaginaire colonial lié à l’ex-Indochine.
Tout comme les Africain•es n’existent pas, les Asiatiques ne sont pas ce bloc monolithique que l’idéologie raciste a créé avec tous les stéréotypes et les préjugés qui nous font tant de mal, nous essentialisent, nous effacent, nous nient, nous hiérarchisent…
Nos identités sont plurielles. Nous sommes des êtres humains, avec nos personnalités, nos histoires, nos rêves, nos ambitions, nos qualités, nos défauts, nos passions, nos talents, nos échecs, nos rebondissements…
J’en profite donc pour vous renvoyer vers le super podcast Ni ton Hindou nஇ ton PakPak dont l’épisode 1 est accessible non seulement sur toutes les plate-formes de podcast mais aussi sur YouTube pour la transcription écrite et dont l’épisode 2 devrait ne plus trop tarder… 🥰
Et d’ailleurs ça vous dirait un petit live insta avec @pulandevii, genre fin de semaine prochaine ?
#5 L’inclusion est un piège

J’ai longtemps utilisé ce terme faute de mieux, tout en comprenant bien que les mécanismes d’inclusion entraînent par définition des mécanismes d’exclusion et forcément créent des relations inégalitaires.
Qui a le pouvoir d’inclure qui ?
Dans le féminisme par exemple, qui suis-je en tant que femme cis, avec mes privilèges inhérents à cette identité, pour déclarer y inclure les femmes trans ?
Je peux m’éduquer aux enjeux des luttes anti transphobie, relayer la parole des concernées, m’engager en tant qu’alliée. Mais les mouvements féministes ne m’appartiennent pas. Je ne suis personne pour dire qui peut s’en réclamer ou pas.
SAUF les hommes cis… Bye bye!
Constellairement,
Allez, on s’approprie, on conjugue, on adverbise, on éprouve ce terme constellaire et on change de paradigme !! ✨
Ne croyez pas que la langue française est figée. Elle évolue toujours et c’est souvent à nous de la faire évoluer avec notre société, plus vite que des vieux académiciens hommes blancs cis. Merci @collectif_paaf pour cette proposition que j’attendais depuis longtemps.
2021 sera constellaire.
Vous venez dans les étoiles ?
#6 Gros n’est pas un gros mot

Je suis grosse. Je n’ai d’ailleurs jamais été aussi grosse. Une pluralité de raisons et de facteurs peuvent expliquer mon obésité.
Aucun ne vous regarde car je n’ai pas à justifier d’une raison qui excuserait mon poids. Mais pour mériter votre respect,
il semble qu’il me faille une bonne excuse, une erreur médicale ou un traumatisme psychologique, quelque chose qui me défausserait d’être hors norme.
Je suis grosse, depuis que j’ai 5 ans on me le fait comprendre tous les jours, donc pour vous dire la vérité, c’est la grossophobie systémique qui m’a fait grossir.
Étant donné qu’il faut encore le dire : ceci n’est pas une promotion de l’obésité.
Ceci n’est qu’un rappel : nous méritons le respect dû à tout être humain. Je porte davantage les maux de la grossophobie que mon poids…
#7 On n’a le droit de ne pas être utile
Hier, j’ai rien foutu.

Tout est dans le titre, tout est dans l’image.
Plus sérieusement, j’ai un vrai problème d’addiction à la productivité, construit bien évidemment par le système capitaliste dans lequel nous sommes façonné•es. Je culpabilise de me reposer, de ne pas produire, de regarder un film qui ne me permettrait pas de m’éduquer davantage, de vouloir éteindre mon cerveau…
Et ce n’est que mon point de vue de privilégiée qui produit pour la société, travaille et consomme, sans aide aucune.
Je me soigne.
Et toi, c’est quand la dernière fois que t’as rien fait ?
#8 Les représentations justes comptent
Que vous soyez ici depuis peu ou depuis un bon moment, rien d’étonnant à cette phrase que
je répète régulièrement et qui mérite d’être martelée encore et encore.

Grandir sans se voir représenté·e est aliénant. Grandir en se voyant représenté·e à travers un imaginaire supposé, fabriqué, caricatural, plein de stéréotypes et de préjugés notamment racistes et coloniaux par des personnes qui ne nous ressemblent pas et qui ne peuvent pas
se mettre à notre place, est aliénant.
C’est toujours être construit·e comme l’autre, cellui dont les ascendant·es semblent n’avoir rien accompli, rien créé, avoir seulement été mis·es à disposition pour servir la norme…
Aliénant : qui prive l’être humain de son humanité.
Quand j’entends encore en radio, à propos du salon de la littérature et de la presse jeunesse, qu’il y a de la diversité en littérature jeunesse, qu’il y en a de plus en plus et que les auteurices travaillent sur la représentation au quotidien des enfants noir•es, par exemple avec 2 pépites sur… l’esclavage ! écrites bien sur par des auteurices blanc•hes, c’est aliénant.
Une de ces deux pépites est ainsi décrite : « un récit d’une authenticité et d’un souffle romanesque inoubliables »…
STOP !
#9 Adopter n’est pas sauver un enfant

Pour me situer, je ne suis pas concernée par l’adoption. Mais en écrivant ce calendrier de la déconstruction, je me suis rappelée que d’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu adopter, que je puisse tomber enceinte ou non.
L’idée n’était pas de sauver des enfants mais de créer une famille composée de personnes
toutes différentes d’un point de vue racial. Je ne le verbalisais pas forcément comme ça
mais en tant que métisse, si tout le monde est différent, plus personne ne l’est… #traumabonjour
Sauf que j’ai grandi, je ne veux plus d’enfant et surtout, les espaces de discussions autour de l’adoption internationale transraciale doivent désormais s’articuler autour de la parole des concerné·es, les adopté·es et leurs mères racisées.
Comme on en a longuement parlé avec @kimgun59 lors d’un live disponible dans son IGTV, il y a des parallèles nombreux dans l’histoire coloniale du métissage et de l’adoption.
Elle m’avouait avoir voulu être métisse comme solution à certaines problématiques identitaires et je ne réalise que 10 jours plus tard, que j’ai souhaité adopter comme solution à mes problématiques identitaires. Merci Joohee de me faire réfléchir un peu plus chaque jour 💛
J’ai souhaité mettre une itw vidéo que je n’avais jamais partagée comme ressources mais le compte de Joohee et toutes ses réflexions sur la décolonisation de l’adoption internationale transraciale sont au cœur de ma déconstruction sur le sujet.
#10 Mes yeux ne sont pas bridés
La paupière de mon œil possède un pli qu’on appelle un épicanthus ou un pli épicanthique. Ce n’est pas une bride qui viendrait limiter mon champ de vision, ou pire mon individualité.
Je vous vois vous tirer les yeux pour m’imiter, vous les maquiller pour faire joli, le soir vous démaquiller, et surtout ne pas subir le racisme.

Définir nos yeux comme « bridés » a construit et maintient encore aujourd’hui notre altérité. Nous sommes les autres, celleux qui n’ont pas les yeux qui ne se définissent pas, celleux qui n’ont pas les yeux dans la norme.
« Et en amande ? C’est joli en amande ! » Mais mange-là ton amande et cesse de vouloir définir mes yeux, surtout si c’est pour les objectiver ou les exotiser…
Mes yeux, c’est mon lien. Ça a toujours été la différence physique qui me rattachait à mes origines, et ce au fer rouge. Pour une chinoise, j’ai un nom qui ne va pas avec ma tête, je parle fort, je suis grosse, je ne parle pas cantonais, je n’ai pas de longs cheveux épais… Mais mes yeux, eux, sont là et bien là, et je les aime.
Ils ont été moqués, et parfois par moi-même maltraités. Ils vous permettent de m’asiatiqueter mais ne définissent pas ma personnalité. Ils sont mon héritage favori et je suis tellement fière de les avoir à mon tour transmis.
#11 Habiller son fils en bleu est politique
Spoiler alert : J’habille mon fils en rose.
Et ce n’est pas tout ! Il porte même des jupes et est totalement fan de la Reine des Neiges !

J’ai régulièrement comme remarque que j’instrumentalise mon fils à des fins politiques sans le laisser être un enfant. Mais qu’en est-il de ces parents qui au final se conforment aux stéréotypes de genre que
la société dominante a construits à coups de colonisation et de marketing ?
Ce que l’on pense être un non-choix, quelque chose de naturel, est en réalité un choix politique non seulement de conformisme mais plus encore de refus de déconstruction.
Ce spoil que je viens de faire 😱 Pfff je me fatigue 😂
Le non-choix est politique. Il n’y a pas de neutralité.
Nos garçons peuvent être tellement plus et faire tellement plus que ce que la société leur assigne du fait d’un simple pénis.
Sans compter que… ce ne sont peut-être pas des garçons… 🤯
Et toi, rose, bleu ou les deux ? Peut-être que tu ne vois pas les couleurs ? 😂
#12 Tous les hommes, toustes les blanc·hes, toustes les flics…
Tous les hommes bénéficient du patriarcat.
Tou·tes les blanc·hes bénéficient du racisme.
Tou·tes les flics bénéficient de l’institution policière.

La liste n’est pas exhaustive mais le mécanisme reste le même. Les systèmes de domination et de pouvoir n’ont rien à voir avec les individualités de chaque homme, chaque flic, chaque personne blanche.
La structuration imbriquée de ces systèmes fait que par définition il y a des dominant·es et des dominé·es.
Il ne s’agit pas uniquement d’avoir conscience de ses privilèges de pouvoir jouir de certains droits. Il s’agit de dénoncer pour ne pas rester complice.
De nouveau pas de neutralité.
Sérieusement, les personnes qui commencent leur propos par « oui c’est horrible, mais pas tou•tes les… », faut arrêter !
Je suis sûre qu’elles sont sympathiques à bien des égards, mais tant qu’elles ne combattent pas les violences systémiques, leur bienveillance importe peu.
Et on est bien d’accord, les mecs qui se disent affranchis du patriarcat, ce sont les pires ? 🤦🏻♀️ Peut-être à égalité avec celleux qui croient au racisme anti-blanc ? Je vous laisse voter dans les commentaires 😂
#13 La minorité modèle est un mythe
« Vous êtes travailleurs, discrets, bons à l’école,… »
Ces « compliments », à première vue positifs, sont en réalité racistes, car derrière se cachent :

▪️L’essentialisation de communautés multiples, leur réduction à des stéréotypes comme si elles
formaient naturellement un bloc uniforme,
▪️ L’effacement des disparités, laissant de côté – et dans la honte – les membres des communautés qui
ne rentreraient pas dans le moule,
▪️ La négation de la réussite par nos qualités individuelles, puisque soi-disant cela serait lié à nos
origines, et
▪️ La volonté de hiérarchiser et donc de monter les communautés les unes contre les autres.
Le mythe de la minorité modèle – le MMM pour les intimes – nait aux Etats-Unis dans un contexte où il faut renforcer le capitalisme et décrédibiliser les mouvements des droits civiques.
Ce que l’on peut penser encore une fois naturel est une construction qui peut changer à tout moment, lorsque cela arrange le système en place. Lorsque nous étions une menace, nous étions le péril jaune. Lorsque les structures dominantes nous ont trouvé une utilité face aux autres races, nous étions la minorité modèle. Lorsqu’une pandémie apparemment venue de Chine s’est répandue sur la planète, nous étions devenu•es un virus.
Bref, f*ck le MMM !
#14 faire pipi sous la douche ne sauvera pas la planète

Depuis que je suis enfant j’entends qu’il faut sauver la planète de nous-mêmes et que la somme de nos petites actions peut changer le monde. 30 ans après, il nous reste en réalité moins de 10 ans avant toute irrémédiabilité.
Qu’a fait le système capitaliste comme « petites » actions pour s’engager aux côtés de ces nombreuses personnes qui ont avancé dans le bio, le zéro déchet, les circuit-courts ?
Je pose la question car les mécanismes systémiques de domination restant les mêmes,
il me semble bien qu’à part se déresponsabiliser pour imputer cette charge sur le dos des citoyen·nes, je ne vois pas de changement radical du système…
Et si en plus de se faire du bien à l’égo en se disant écolo, de faire nos éponges en vieilles fringues usagées ou d’aller acheter des fripes pas chères et trop grandes alors qu’on est suffisamment riches et minces, on se posait la question de l’imbrication des systèmes ?
Parce que c’est bien gentil, mais cette domination blanche des militant·es écolo, ce n’est rien d’autre que du néocolonialisme… Les colon-descendant·es qui viennent donner des leçons de morale notamment aux Pays dits du Sud alors que leurs ancêtres ont tout pillé et gardé toutes les richesses, et que nos pays dits du Nord sont ceux qui consomment le plus les ressources de cette planète, laissez-moi trouver ça un peu cocasse !
Les personnes racisées, les classes populaires, les femmes restent les premières victimes du système capitaliste et de ses dégâts sur l’environnement.
Je ne suis vraiment pas la meilleure en bio / zéro déchet / circuit-courts… Mais quand j’y réfléchis, mes fringues d’enfants ont toutes fait au moins 5 ou 6 placards différents dans la famille et les sachets de 20 kg de riz ont toujours trôné dans la cuisine.
Finalement, j’étais peut-être écolo avant que ce soit cool… 😎 Et toi ?
#15 Les bébés métis·ses ne sont pas plus joli·es
[Métis, -isse, adj.]
A- Issu du croisement de deux races ou de deux variétés différentes de la même espèce.
B- Qui résulte du mélange de choses différentes.
(Source : CNRTL)

Ce terme, pour lequel je n’ai pas de synonyme acceptable, est historiquement lourd et lié à la colonisation et l’esclavage en Amériques. Il était initialement utilisé pour parler des enfants né·es d’un colon blanc et d’une femme esclavisée.
Les bébés métisses ne sont pas plus joli·es,
ne sont pas une manière de réparer le passé,
ne sont pas l’avenir de l’humanité,
ne sont pas LA solution contre le racisme.
C’est à la fois fascinant et malaisant à quel point les gens qui ne voient pas les couleurs adoooorent les enfants métis•ses.
Alors qu’il est désormais admis que les races n’existent pas ou plutôt qu’on ne peut plus dire le mot « race », il semble tout de même possible un certain mélange racial qui marquerait la fin du racisme… 🙄
Entre fétichisation et essentialisation, le métissage reste encore aujourd’hui une question de biologie et de phénotype… Bref, un mélange de couleurs oh oh, venu d’ici et d’ailleurs… 🤦🏻♀️
Et toi, tu viens d’où ? 👽
#16 Les personnes blanches doivent parler de blanchité
Les personnes blanches sont des personnes racisées dans le sens où elles connaissent un processus de racisation**. La différence, et surtout la raison pour laquelle elles ne peuvent
se définir comme racisées est simple : elles bénéficient de ce processus et n’en subissent pas les conséquences racistes.

Grâce à certaines de leurs caractéristiques, elles sont assignées à la race dominante, la norme, celle qui ne se définit pas, celle dont on ne parle pas.
Il serait néanmoins temps que soit racontée cette blanchité par les personnes concernées, et que soit étudié ce que signifie aujourd’hui d’être blanc·he.
Je suis toujours impressionnée par l’aplomb des personnes blanches à oser parler en lieu et place des personnes racisées pour raconter nos histoires.
Il y aurait des hommes blancs qui seraient capables de se mettre à la place de jeunes filles noires pour écrire sur la grande aventure qu’est l’esclavage… C’est le miracle blanc ! 🙄
Et si les personnes blanches parlaient de blanchité ? de la construction de cette norme par leurs ancêtres ? de cette couleur nude ? de la médecine qui ne se concentrent que sur les peaux blanches ? de leur omniprésence partout qui les fatigue ? de leur habitude compulsive à s’approprier les cultures des autres ? de l’art notamment dans les musées ? de la fragilité ressentie dès qu’on parle de couleurs qu’elles ne voient pas ?…
Il y en aurait des choses à dire pour décoloniser cette blanchité ! Des idées ?
** En voulant simplifier certaines notions sociologiques, je ne voudrais pas non plus qu’il y ait confusion. Les personnes blanches connaissent en réalité sociologique un processus de racialisation qui produit les hiérarchies raciales, là où la racisation permet aux groupes dominants de définir les groupes dominés. Les personnes blanches ne sont pas racisées mais sont racialisées. Lire Frantz Fanon et Colette Guillaumin ** Merci @kelsiphung pour la rigueur sociologique ✨
#17 et si le père noël était racisé ?
Chez nous, on ne croit pas au Père Noël, c’est simplement une jolie histoire de fin d’année.

Si je voyais le mal partout, je dirais tout de même que dans 99, 99% des cas, c’est un vieil homme blanc qui offre des cadeaux aux enfants du monde s’iels ont été sages durant l’année. Dans le genre histoire paternaliste, sauveur blanc, et amour soumis à condition…
MAIS je vois surtout le 0,01% des cas avec un Père Noël un peu différent, car c’est tout l’avantage d’une fiction !
On m’a toujours dit que l’histoire du Père Noël était une manière de travailler l’imaginaire des enfants. Pourtant dans la quasi totalité des fictions que j’ai pu lire ou voir, c’est toujours la même histoire avec les mêmes représentations !
Pourquoi lorsqu’il s’agit d’intégrer des personnages racisés dans de la fiction, il devient tout à coup question de réalisme historique ? Le Père Noël a bien changé depuis Saint Nicolas, pourquoi ne pourrait-il pas être asio ou afro descendant ?
🎅🏽🎅🏿🎅🏼🎅🏾
#18 Quand on veut, on ne peut pas toujours
Toute ma vie j’ai entendu « quand on veut, on peut », que si on se donnait suffisamment les moyens, on pouvait obtenir ce qu’on voulait.

Mais qui est « on » ? Une série de réussites individuelles, non pas accidentelles mais extraordinaires, car sortant de l’ordinaire.
Ces réussites, les systèmes de domination les brandissent comme des trophées pour prouver qu’ils n’empêchent personne de s’élever et ainsi s’enlever toute responsabilité face aux obstacles rencontrés par des personnes mises en marge toute leur vie : le racisme, le patriarcat, le capitalisme, mais aussi leur déclinaison validiste, grossophobe, lgbtqphobe… Ces systèmes tuent.
Mais moi, quand je réussis, ce n’est même pas une réussite individuelle parce que moi, c’est dans les gènes !! Merci le mythe de la minorité modèle 🤬
C’est vraiment quand ça vous arrange…
Ce n’était pas prévu mais je voudrais mettre ici une pensée particulière pour cette jeune femme de 17 ans, poussée au suicide à cause de la transphobie permanente qu’elle vivait, notamment dans son lycée qui avait récemment refusé qu’elle porte une jupe… Je ne la prénomme pas car j’ai vu plusieurs prénoms et je veux pas risquer de dire un deadname. Eduquons-nous, le système tue.
#19 On peut encore rire !
J’ai ri de tout. J’ai même ri de moi, pas d’un rire franc, mais de ce rire gêné qui me permettait de m’intégrer à un groupe, tout en me sentant bien humiliée…

Aujourd’hui, je ne me force plus. Je sais qu’il y a d’autres manières de rire de soi et des autres sans blesser personne. Rire de quelque chose que les concerné·es subissent au quotidien, surtout quand on n’est pas concerné·e, c’est drôle pour qui ?
Quand on avait toute la liberté de rire des non-privilèges des autres, sans même y réfléchir, on peut imaginer qu’on perd des libertés. Néanmoins qu’en est-il des libertés des autres
qui subissent ? que ces libertés blessent,
excluent, discriminent, tuent… ?
Personnellement, je joue à fond le malaise. Si je dois subir ces remarques malaisantes, autant que tout le monde en profite :
- « Je n’ai pas compris en quoi c’est drôle. Tu peux m’expliquer ? »
- « Non, je n’ai pas d’humour quand c’est raciste / sexiste / validiste / lgbtqphobe / tdsphobe / grossophobe… »
J’ai aussi fait beaucoup de tri dans mon entourage.
On n’a pas besoin d’attendre les fêtes de famille pour croiser des personnes qui nous disent « on ne peut plus rire de rien… » MAIS malgré les restrictions, cette fin d’année ne nous sauvera pas des blagues malaisantes qu’on connaît tou•tes !
Allez, j’avoue, si vous voulez me faire rire, rien de tel qu’une bonne blague misandre ou anti-blanc•hes 😂😘 #ironie #oupas
Une bonne blague à me partager ?
#20 on ne nait pas hétérosexuel·le
TW insulte homophobe.
Quand mon fils est né, on m’a dit : « Il est trop beau, il va y en avoir des filles au cœur brisé. »
Puis quand on a constaté qu’il portait du rose et des jupes, on m’a dit : « Tu vas en faire un pédé. »
Y aurait-il des sexualités naturelles et d’autres fabriquables ? Dans les livres, les dessins animés, les chansons, les films, la quasi totalité des médias, l’hétérosexualité est omniprésente.

Notre société martèle une hétéronormativité qui serait soit disant naturelle, et ce partout et
de tout temps. Pourtant des traces de pratiques homosexuelles ont bien été découvertes à diverses époques et aires géographiques…
Autant te dire que toutes les « copines » qui se sont extasiées sur le mariage de mon fils avec leur fille ont désormais peur pour leur fils… 🤦🏻♀️
Pourquoi lorsque mon fils joue avec un garçon ou lui fait un câlin, c’est son pote ? Alors que lorsqu’il s’agit d’une fille, c’est son amoureuse ?
Pourquoi lorsque mon fils sourit à un homme, c’est un enfant mignon ? Alors que lorsqu’il sourit à une femme, c’est un charmeur qui fera des ravages plus tard ?
Laissez nos enfants être des enfants, en dehors de vos projections hétéronormatives. Leur sexualité ne vous regarde pas et leur appartient. Merci bien !
** La sexualité est bien évidemment plus diverse et fluide que la binarité hétéro / homo. L’idée est de parler ici de la construction de la norme hétérosexuelle excluant toutes les autres formes de sexualité. **
#21 déconstruisez-vous et vos enfants suivront
Dans un podcast sur la force de la non-violence dans l’éducation, j’ai récemment entendu d’une spécialiste reconnue : « On n’apprend pas àse défendre à 3 ans. Ça ne marche pas.Tout ce qu’on apprend, c’est à se soumettre. »Je pourrai tout faire, choisir ses livres et ses programmes audiovisuels, me lancer dans l’instruction en famille, ou ne fréquenter que des personnes « safe », je ne pourrai jamais protéger mon enfant de la violence des systèmes de domination qui l’infériorisent, enfant racisé neuroatypique peu conforme aux normes de genre.Alors, tous les jours, j’arme Bout’Chou, bientôt 4 ans. Je lui apprends à reconnaitre et à lutter contre les violences qu’il subira. Je lui apprends à se défendre.

Attendre est un luxe de privilégié•es. Reporter sa déconstruction et celle de ses enfants est un luxe de privilégié•es.
▪️Depuis sa naissance, Bout’Chou est mégenré. Il ne comprend pas les interrogations et les moqueries sur ses cheveux, son amour pour Elsa, ses jupes…
▪️A 2 ans, j’ai entendu un enfant l’appeler « la Chinoise ». Sa grand-mère (ma BM) ne voit pas ses « yeux bridés ». On lui a déjà dit que sa peau n’était pas jolie.
▪️A 3 ans et demi, il a voulu apporter son encyclopédie à l’école mais aucun enfant n’a voulu la lire avec lui. Aucun enfant n’a sa passion pour l’espace, l’apparition de la vie, les dinosaures…
J’ai tellement pleuré de rage. Faut-il élever à la dure un•e enfant pour lea préparer au monde ? Non. Mais la violence, elle, est partout, à commencer par ces propos universalistes contre les violences éducatives.
Avant de sortir de grands principes sur le point de vue de l’enfant, se mettre à sa hauteur et l’adultisme qu’il subit, réfléchissez deux minutes aux réalités des autres. Utilisez cette empathie que vous pronez pour penser deux minutes aux vécus et aux ressentis des personnes qui n’ont pas le choix que de faire avec cette violence et la vôtre.
Que fait le système à vos enfants ? Que fait-il aux nôtres ?
Bien sûr qu’il s’agit de faire réfléchir nos enfants par elleux-mêmes sur qu’iels font et de les responsabiliser face à leurs choix. Mais jamais je n’aurai le luxe d’apprendre à mon enfant la désobéissance face à l’injustice sans y mettre en face les risques. Savez-vous ce que fait l’école, ou pire la police, quand un enfant racisé désobéit ?
Votre refus de voir ce luxe me fout la rage.
#22 l’histoire est écrite par des hsbc
H- homme S- straight (hétéro) B- blanc C- cisgenre
Il parait que depuis la nuit des temps, l’homme domine, la race blanche est supérieure, l’hétérosexualité est la norme, les supposés deux seuls sexes induisent naturellement les supposés deux seuls genres.
Mais la science évolue et de plus en plus d’études déconstruisent ces biais cognitifs androcentrés sexistes, hétérocentrés lgbtqphobes ou encore eurocentrés racistes.

On apprend à désapprendre les extrapolations biaisées par les systèmes de domination et présentées comme des faits scientifiques.
On m’a dit : « Les femmes n’ont pas marqué l’Histoire ». Disons plutôt qu’elles en ont été bien effacées, interdites d’accès à l’espace public…
Ou encore : « L’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire ». Disons plutôt que les richesses matérielles et immatérielles ont été pillées et cette Histoire réécrite par ceux qui en ont le plus profité…
Ou encore : « C’est biologique, seule les femmes peuvent enfanter ». Disons plutôt que c’était bien pratique pour leur laisser les fonctions care, alors qu’il y a une différence entre une personne qui possède un utérus et une femme…
Cette Histoire écrite par ceux qui en ont le pouvoir n’est pas celle que narrent celleux qui en ont été rayé•es.
Il est temps de raconter nos histoires et de réécrire l’Histoire.
#23 L’appropriation culturelle est un système
On entend beaucoup parler de l’appropriation culturelle et pourtant on a toujours autant de mal à en donner une définition. L’enjeu c’est le pouvoir, présent ou passé.
Il y a des configurations relativement simples.
Ce sont ces personnes blanches qui profitent économiquement des produits et des cultures
que la blanchité domine, et/ou qui sont valorisées socialement par leur ouverture d’esprit ou leur sens du style, là où les personnes racisées sont à l’inverse considérées pour les mêmes éléments comme non intégrées et communautaires.

Il y a également des configurations plus complexes car noyées dans des siècles d’appropriation culturelle, de pillage, de colonisation, d’effacement.
L’appropriation culturelle est un mécanisme d’oppression qui s’opère depuis des siècles et qui aujourd’hui fait qu’on ne se rend même plus compte des communautés à l’origine d’un grand nombre de choses qu’on connaît ou qu’on apprécie : musiques, sciences, arts, légendes…
L’histoire est écrite par des HSBC, vous vous souvenez ?
▪️L’appropriation culturelle dénature des coutumes et des traditions. Ce qui peut ne sembler être qu’un accessoire pour vous a souvent une signification spirituelle ou une valeur historique tout autre pour les cultures propriétaires.
▪️L’appropriation culturelle inversée n’existe pas. Lorsqu’il est martelé sur plusieurs siècles qu’une culture est inférieure, adopter la culture dominante c’est sur•vivre.
▪️La hiérarchie raciste s’applique à l’appropriation culturelle. L’objet n’est pas l’intercommunautaire mais il me semble important de préciser que les mécanismes de valorisation sociale s’applique aussi entre communautés dominées.
Grandir sans héritage culturel visible est aliénant. Découvrir qu’on t’a volé et qu’on continue de te voler ton héritage culturel l’est tout autant.
Allez, j’ai une salutation au soleil à finir 😘
** Je dirais même plus l’appropriation culturelle est un mécanisme d’oppression intégré aux systèmes de domination racistes et coloniaux… Mais bon si déjà t’as le reste… **
#24 L’empathie est la clé
On dit souvent que les bébés sont des éponges et qu’iels absorbent toutes nos émotions. C’est parce que nous naissons pour la grande majorité d’entre nous naturellement empathiques.
Cette empathie se travaille et est essentielle pour aujourd’hui lutter contre les différents systèmes de domination race, genre, classe.

Lorsqu’une personne raconte ce qu’elle subit, ce qu’elle ressent, c’est important.
Ne ramenez pas cela à vous. Cela ne signifie pas que vous n’avez pas souffert ou que vos sentiments ne sont pas légitimes, mais qu’il ne s’agit pas de vous à ce moment-là.
Écoutez. Travaillez votre empathie. Apprenez. Ne recommencez pas.
Surtout en ces temps difficiles pour nos santés mentales. Surtout en ces fins d’année où de nombreuses personnes qui subissent des oppressions systémiques ne sont pas en compagnie safe.
A vous, adelphes, qui ce soir, ou d’autres, voire toute l’année, êtes nié•es dans vos identités, vos vécus, vos ressentis, je vous envoie beaucoup d’énergie et d’amour constellaires ✨
A tou•tes, je vous remercie d’avoir suivi ce calendrier de l’avent de la déconstruction. C’était une expérience hyper enrichissante même si clairement épuisante. J’espère que vous aurez appris quelques trucs et qu’il continuera à vous accompagner dans votre déconstruction. Il reste en guide et en story permanente.
Je vous souhaite une belle fin d’année, que 2021 soit remplie des paillettes qui ont manqué à 2020… 💛
J’espère qu’en cette période complexe, tu arrives à prendre soin de toi 💛
Un avis sur “Le calendrier de l’avent de la déconstruction”