De nouveau, une lectrice, jolie découverte grâce à ce blog, nous partage sa plume.
Je marche en équilibre sur mon câble, à une dizaine de mètres du sol. Ça donne le vertige.
Autour de moi, il y a ceux qui jettent des pelletés de sable sous leurs pieds, au cas où ils tomberaient. Ils ne se font jamais mal, et avancent plutôt doucement. Il y a ceux qui courent aveuglément, en ignorant la douleur, la corde qui tangue dangereusement. Puis, il y a tous les
autres.
Je me trouve parmi tous ces autres. J’avance équipée de bonnes chaussures et je m’assure que mon équilibre est bon. Le regard droit sur mon objectif, je me lance.
Parfois, je me retourne et mon cœur se fait lourd de toutes les personnes que j’ai perdues, toutes ces choses que je n’ai plus. J’en perds l’équilibre et m’assois. Une vague de funambules passent à côté de moi en m’ignorant, chacun sa m**** je crois.

Soudain, une voix chaleureuse, des mains se tendent, un bras rassurant me relève. Je vois alors d’autres personnes tout près qui observent. S’il y a besoin, eux aussi passeront faire un détour.
Alors mon esprit se gonfle de courage. Leur bienveillance alimente mon âme et apaise les pensées. Je ne marche pas seule, contrairement aux paroles de la chanson. De fait, mon filet de sécurité est composé de tout cet entourage qui n’iront nul part sans moi.
Parfois, je perds pied et tombe en me raccrochant in extremis du bout des doigts et disparais du radar. Quand les gens défilent devant moi, chacun fixé sur sa marche, j’ai si mal. Est ce qu’il faut lâcher, les laisser partir ? Ne suis je qu’un poids ?
Parfois, la situation s’inverse. J’entends un appel silencieux à l’aide et dois me détourner de mon axe en quittant tout mon écosystème si rassurant et chaleureux. Cet effort sera bien vite récompensé par un merci rapidement soufflé, qui pourtant exprime toute la gratitude.
Après avoir croisé mon autre, mon sol s’est élargi et nous a offert tellement plus de facilité à avancer. Nous courons même. Fatigués de courir, nous avons alors ajouté deux petites souris sur notre route.
Aujourd’hui, elles nous apprennent à marcher autrement.
Demain, elles affronteront le vertige chacune sur leur toute nouvelle corde.
Mes petites funambules.
