
- Auteurice : Kyo Maclear
- Illustrateurice : Isabelle Arsenault
- Edition : La Pastèque
- Date de publication : 2012
Virginia, la soeur de Vanessa, est d’humeur féroce – elle grogne, elle hurle à la lune et elle fait des choses très étranges. Elle est prise d’un cafard si intense que toute la maison semble sens dessus dessous. Vanessa fait tout ce qu’elle peut pour lui remonter le moral, mais rien n’y fait. Jusqu’à ce que Virginia parle à Vanessa d’un lieu imaginaire, un endroit merveilleux nommé Bloomsberry.
C’est parti, Vanessa commence à peindre Bloomsberry sur les murs de la chambre, les transformant en un magnifique jardin avec une échelle et une balançoire « pour que ce qui était en bas puisse monter ». Et cela fonctionne ! Rapidement Virginia reprend des couleurs et son état s’apaise grâce à l’univers de Bloomsberry, comme un safe space, magnifiquement illustré par Isabelle Arsenault.
Cet album est une adaptation relativement libre de la relation entre Virginia Woolf, l’autrice et figure féministe, et sa sœur ainée Vanessa Bell, peintre et architecte d’intérieur, toutes deux membres du Bloomsbury Group, un groupe d’écrivain·es, philosophes, artistes britanniques de la première moitié du XXè siècle.
Dans un article (Quill & Quire,March 2012), Kyo Maclear explique :
Étant donné l’infamie de mes sujets, je savais que l’histoire devrait porter ses origines et ses thèmes à la légère. J’ai décidé qu’elle serait racontée dans un moment suspendu et hypothétique de l’enfance. Il n’y aurait aucune référence explicite à la maladie mentale ou à la dépression. Au-delà de ces notions générales, j’ai procédé intuitivement – et peut-être bêtement.
J’ai lu cet album, avec peu d’informations sur la maladie dont souffrait Virginia Woolf, mais en connaissant l’issue qui n’est pas du tout abordée dans le livre. La manière d’aborder le sujet m’a donc interrogée mais je me suis dit que les enfants y verraient surtout l’entraide sorore face aux difficultés, en l’occurrence la dépression, un sujet peu abordé alors que les enfants peuvent aussi y être sujets.
Et sans en arriver forcément à la dépression et/ou au suicide, la vie de nos enfants est loin d’être le bonheur insouciant du narratif majoritaire. Pour citer à nouveau l’autrice : « La vie est épique dans la cour de récréation. Il y a du drame et de la perplexité, de l’injustice et de l’anxiété. Les âmes sont régulièrement écrasées et les cœurs brisés ». Et pour cela, je trouve cet album essentiel.
Les extraits sont en anglais mais l’album a bien été traduit.