Si le monde était

Grand-père me donne un crayon avec une mine arc-en-ciel. Il me dit : «Écris et dessine, écris et dessine tous tes rêves.» Si le monde était fait tout entier de rêves et de souvenirs, Grand-père serait présent dans chacun d’eux.

Au fil des saisons, nous suivons cette jeune enfant et son grand-père, faire de longues promenades, retaper un vieux circuit de course dont les pièces manquent, découvrir tout ce qui peut être écrit et dessiné dans un joli carnet, raconter des souvenirs d’enfance… Mais Grand-Père est malade et « il y a des histoires faites de silence… »

En aidant ses parents à ranger la chambre de Grand-Père, notre enfant triste découvre à nouveau quelques fleurs séchées, une voiture de course, un bout de cuir indien qui a permis de fabriquer un carnet, des papiers de bonbons ou encore une boite de crayons de couleurs… Il y a aussi un carnet tout neuf, fabriqué par Grand-Père à l’attention de sa petite-fille… « Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé » écrivait Lamartine. Mais si cet être était encore là, à travers le kaléidoscope de vos souvenirs ensemble ?

Cet album est d’une beauté fulgurante. Les illustrations d’Allison Colpoys, pétillantes et très douces à la fois, insufflent de la magie pour traiter d’un sujet très difficile, le deuil. Les mots de l’auteur, également poète, nous touchent droit au coeur… Ames sensibles, vous êtes prévenues…

D’après les photos de famille accrochées sur le mur, la famille chez qui nous entrons est joliment métissée. Grand-Père semble d’origine indienne. Avec sa compagne blanche et rousse, il a eu une fille à la carnation relativement foncée et aux cheveux lisses. Elle a elle-même eu une fille, notre héroïne, avec une carnation légèrement différente, surement les tâches de rousseur de sa grand-mère, et peut-être les cheveux bouclés de son père, qui a une carnation plus foncée. Bref, on adore !