Les 4 « D » de ta bibliothèque

Quand j’ai écrit sur la diversification de ta bibliothèque, je ne voulais surtout pas publier de livres à ne pas lire ou acheter. J’en ai tout de même dénoncer sur instagram mais je vois encore trop de propositions problématiques sur des comptes qui ont vraiment beaucoup d’abonné·es, qui ont l’air de trouver ça super d’après les commentaires…

En échangeant avec d’autres personnes engagées, j’ai réfléchi : 1- tout le monde ne me suit pas sur instagram (quelle honte! haha) et 2- les stories, c’est sympa, mais ça ne ressort pas quand tu fais une recherche sur le net. Encore une fois, ce que je vais montrer n’est pas exhaustif et cet article n’est pas un glossaire. Je me concentre aujourd’hui sur le racisme et les personnages noirs, car pour beaucoup, les derniers posts surfent sur la hype du #blacklivesmatter

Sans plus de suspens, les 4 "D" : Diversifier - Déconstruire - Décoloniser - Dénoncer...

Diversifier

Diversifier signifie en gros que ta bibliothèque doit montrer d’autres personnages que ce que l’on peut voir classiquement. Pour rappel, si on se réfère à une étude étatsunienne, 50% des livres jeunesse publiés en 2018 ont pour personnage principal·e un·e blanc·he, et 27% des animaux… Aucune étude connue (par moi – si tu connais je veux bien) ne parle spécifiquement du genre des personnages, de leur sexualité, de leur morphologie ou encore de leur handicap. Pour les concerné·es il s’agit bien évidemment de se sentir représenter, de construire ses identités, de développer l’estime et la confiance en soi. Pour les non-concerné·es, il s’agit de mieux comprendre les autres et avoir un premier reflet de la société à travers leur bibliothèque.

Diversifier, ce n’est pas juste avoir un·e personnage marron dans un livre sur toute ta bibliothèque. Un·e seul·e personnage ne peut pas représenter toute la diversité du monde, tout comme 23% des livres jeunesse ne peuvent représenter toutes les minorités ethniques. Je me répète mais combien de livres dans ta bibliothèque ont des personnages perçu·es comme femmes fortes, hommes hors masculinité toxique, racisés, lgbtq+, handicapés, neuroatypiques ? et combien se situent à plusieurs intersections ?

Déconstruire

Outre les personnages, je t’invite à regarder ce qu’iels font, ce qu’iels disent, dans quel contexte et comment iels sont mis en scène. Le texte mais aussi les illustrations ont un sens. Déconstruire c’est réfléchir à ce qu’on lit. Ce n’est pas parce qu’un livre annonce traiter du racisme pour les enfants, qu’il est exempt de biais. De ce que j’en ai vu, c’est même bien le contraire !

Je t’invite également à regarder qui écrit et qui illustre. Les personnes concernées sont par définition les mieux placées pour parler de ce qu’elles connaissent. Une seule personne concernée ne suffit pas, puisque les connaissances et les vécus sont propres à chacune. Pour autant, ce n’est pas non plus une assurance de déconstruction… Tout comme une relecture par une institution « labellisée lutte contre le racisme », cela n’exempte pas de biais… C’est triste mais c’est le principe d’une domination systémique…

Mes p’tites questions : le racisme

Il y aurait beaucoup plus à dire mais j’ai suffisamment lu ce truc pour ne pas pouvoir en faire plus.

Racisme et tolérance

Celui-ci je ne le lirai pas plus…

Le Racisme expliqué à ma fille

Ce n’est pas non plus parce que tout le monde te dit que c’est LE livre à lire sur le sujet que c’est le cas…

Décoloniser

Décoloniser c’est sortir de cette vision coloniale, post-coloniale, néo-coloniale, peu importe comment tu l’appelles. Ce sont toutes ces images que tu as mais qui ne représentent qu’une vision fantasmée de blanc·he non déconstruit·e qui pense sauver l’Afrique (je pousse mais c’est pas si loin… #whitesaviorsyndrom) – liste toujours non exhaustive :

  • L’étranger : « trop chouette ce livre avec un petit Africain en short, sans t-shirt, qui joue du tam-tam et va à l’école » NON
  • L’esclavage : « super, une aventure pour découvrir l’esclavage avec des blancs abolitionnistes » NON
  • Les cheveux : « haha trop mignon, elle range son goûter dans son afro » NON
  • La couleur de peau : « astucieux d’appeler cette girafe bleue, [bleue], pour parler de sa différence! » NON
  • Le métissage : « quel super papa blanc qui traite sa fille de sotte, lui propose de boire du café, fait un black face avec du marc de café et l’enfarine de blanc, tout ça pour qu’elle comprenne qu’elle est belle » NON

Bref, non, non, non et re-non !

Dénoncer

J’ai hésité à le mettre car ce n’est pas une injonction, a fortiori pour les personnes concernées. Ce n’est pas à nous de faire l’éducation des autres. Mais tout le monde peut contribuer, en suivant les comptes qui font ce travail de recensement, en achetant des auteurices et illustrateurices concerné·es, en en parlant autour de soi (proches, bibliothèque, école…)…

Il y aurait forcément beaucoup plus à dire, mais si déjà tu commences à questionner tout ça, ce sera beaucoup.


6 commentaires sur “Les 4 « D » de ta bibliothèque

  1. Racisme et tolérance est un livre que j’avais trouvé intéressant et dans lequel la seule chose qui me gêne est la très grande représentation des juifs et la faible proportion de noirs. Le texte surtout me convient (par opposition aux illustrations en fait). Je vais le relire à la lumière de ce que tu dis. Si tu veux le voir en entier, dis moi (via Instagram) .

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